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 Majjhima Nikaya 55

Jivaka Sutta

Discours à Jivaka

D'après la traduction de la Myanmar Tipitaka Association (Birmanie) 1990.
Tiré des 25 suttas du Majjhimapannâsa
Pour libre distribution. Cet ouvrage peut être republié, reformaté, réimprimé et redistribué par n'importe quel média. L'auteur désire cependant que toute ces republications et redistributions soient mises à disposition du public librement et sans restriction aucune, et que les traductions et autres travaux dérivés soient clairement identifiés comme tels.


Ainsi ai-je entendu:

Une fois, le Béni du Ciel demeurait à Rajagaha au Parc des Manguiers de Jivaka Komarabhacca. Alors Jivaka Komarabhacca [1] s'approcha du Béni du Ciel et rendant hommage au Béni du Ciel prit un siège en un endroit approprié. Ayant pris un siège, il s'adressa au Béni du Ciel ainsi:

«Vénérable Monsieur! J'ai entendu dire que des gens abattent des êtres vivants spécialement pour le Samana Gotama et que le Samana Gotama mange sciemment de la viande (d'animaux) [2] abattus intentionnellement pour lui et par rapport à lui. Vénérable Monsieur! Est-ce que ceux qui disent, 'Des gens abattent des êtres vivants spécialement pour le Samana Gotama et le Samana Gotama mange sciemment de la viande (d'animaux) abattus intentionnellement pour lui et par rapport à lui' le disent conformément à ce que dit le Béni du Ciel ? Ne serait-ce pas qu'ils font de fausses allégations contre le Béni du Ciel? Ce qu'ils affirment est-il en conformité avec ce que le Béni du Ciel un exposé? N'y aura-t-il pas une cause légitime de censure, si petite fut-t-elle, dans ce que dit (prétendument) le Béni du Ciel et dans le fait que d'autres personnes le répètent?»

Jivaka! Ceux qui disent, 'Des gens abattent des êtres vivants spécialement pour le Samana Gotama et le Samana Gotama mange sciemment de la viande (d'animaux) abattus intentionnellement pour lui et par rapport à lui', ne disent pas ce qui est conformément à ce que j'ai dit. Ils me présentent sous un faux jour, Jivaka! Je déclare qu'on ne doit pas manger de la viande en trois circonstances: quand on voit, qu'on entend ou qu'on soupçonne (qu'un être vivant un été spécialement abattus pour le mangeur); celles-là, Jivaka, sont les trois circonstances dans lesquelles on ne doit pas manger de la viande,

Jivaka! je déclare qu'il y un trois circonstances dans lesquelles on peut manger de la viande: quand on n'un pas vu ni entendu ni soupçonné (qu'un être vivant un été spécialement abattu pour le mangeur); Jivaka, je dis que ce sont les trois circonstances dans lesquelles on peut manger de la viande.

Jivaka! Dans ce Sasana, un bhikkhu vit dans la dépendance d'un village ou d'un bourg. Il demeure avec un esprit (rempli) de bonne volonté (metta) qui imprègne un quart, de même un second quart, de même un troisième quart, de même un quatrième quart; de la même manière, en s'identifiant avec tous les êtres partout, au-dessus, en-dessous et en travers, il demeure avec un esprit (rempli) de bonne volonté (metta) qui s'étend à tous les êtres dans le monde, et qui est vaste, altier, sans mesure, pacifique, et sans malice.

Un chef de maison ou le fils d'un chef de maison vient à lui pour l'inviter pour le repas du lendemain. Jivaka! Il accepte cette invitation s'il le désire. Au matin, après que la nuit soit passée, en réarrangeant ses robes et prenant son bol à aumônes et sa grande robe, il va à la demeure du chef de maison ou du fils du chef de maison et prend le siège préparé pour lui. Alors le chef de maison ou le fils du chef de maison lui sert de l'excellente nourriture d'aumône. Mais le bhikkhu ne pense pas ainsi: 'Il serait bon que ce chef de maison ou que le fils du chef de maison me serve de la nourriture excellente.' Pas plus qu'il ne pense ainsi: 'Que ce serait bien si ce chef de maison ou si le fils de ce chef de maison me servait avec ce genre d'excellente nourriture à l'avenir aussi.' Il mange cette nourriture d'aumône sans en être avide, sans en être infatué, et sans en avoir grande envie, mais en y voyant du danger [3], et en comprenant comment échapper (à l'attachement à cela).

&emdash; Jivaka! Qu'en penses-tu (de ce que je vais dire)? Dans un moment pareil, est-ce que ce bhikkhu entend se faire du mal à soi-même ou aux autres ou bien autant à lui-même qu'aux autres?

&emdash;Non, Vénérable Monsieur.

&emdash; Jivaka! Dans un moment pareil, ce bhikkhu ne se nourrit-il pas d'une nourriture sans blâme?

&emdash; C'est bien ça, Vénérable Monsieur. J'ai entendu dire: 'Le Brahma demeure dans la bonne volonté.'Là je vois de mes propres yeux que le Béni du Ciel est celui qui demeure dans la bonne volonté. Certes, Vénérable Monsieur, le Béni du Ciel demeure dans la bonne volonté.»

«Jivaka! Il pourrait y avoir de la malveillance due au désir sensuel, à la haine ou à la confusion. Le Tathâgata s'est débarrassé du désir sensuel, de la haine et de la confusion, les a déracinés et les a rendu comme une souche de palmier coupé, les a rendu incapables d'existence ultérieure ou de renaître encore une fois. Jivaka, si ce que tu as dit se réfère à cela [4] , j'accepte ce que tu dis.»

 

54. «Jivaka! Dans ce Sasana, un bhikkhu vit dans la dépendance d'un village ou d'un bourg. Il demeure avec un esprit (rempli) de compassion ...p..., avec la joie sympathique ...p..., avec l'équanimité qui imprègne un quart, de même un second quart, de même un troisième quart, de même un quatrième quart; de la même manière, en s'identifiant avec tous les êtres partout, au-dessus, en-dessous et en travers, il demeure avec un esprit (rempli) de l'équanimité qui s'étend à tous les êtres dans le monde, et qui est vaste, altier, sans mesure, pacifique, et sans malice.

A lui vient un chef de maison ou le fils d'un chef de maison pour l'inviter pour le repas du lendemain Jivaka! Il accepte cette invitation s'il le désire. Au matin, après que la nuit soit passée, en réarrangeant ses robes et prenant son bol à aumônes et sa grande robe, il va à la demeure du chef de maison ou du fils du chef de maison et prend le siège préparé pour lui. Alors le chef de maison ou que le fils du chef de maison lui sert de l'excellente nourriture d'aumône. Mais le bhikkhu ne pense pas ainsi: 'Il serait bon que ce chef de maison ou que le fils de ce chef de maison me serve de la nourriture excellente.' Pas plus qu'il ne pense ainsi: 'Que ce serait bien si ce chef de maison ou le fils de ce chef de maison me servait avec ce genre d'excellente nourriture à l'avenir aussi.' Il mange cette nourriture d'aumône sans en être avide, sans en être infatué, et sans en avoir grande envie, mais en y voyant du danger, et en comprenant comment échapper (à l'attachement à cela).

Jivaka! Qu'en penses-tu (de ce que je vais dire)? Dans un moment pareil, est-ce que le bhikkhu entend se faire du mal à lui-même ou aux autres ou bien autant à lui-même qu'aux autres?»

«Non, Vénérable Monsieur.»>

«Jivaka! Dans un moment pareil, ce bhikkhu ne se nourrit-il pas d'une nourriture sans blâme?»

«C'est bien ça, Vénérable Monsieur. J'ai entendu dire: 'Le Brahma demeure dans l'équanimité.' Là je vois de mes propres yeux que le Béni du Ciel est celui qui demeure dans l'équanimité. Certes, Vénérable Monsieur, le Béni du Ciel demeure dans l'équanimité.»

«Jivaka! Il pourrait y avoir vexation, déplaisir et colère dus au désir sensuel, à la haine ou à la confusion. Le Tathâgata s'est débarrassé du désir sensuel, de la haine et de la confusion, les a déracinés, les a rendu comme une souche de palmier coupé, les a rendu incapables d'existence ultérieure ou de renaître encore une fois. Jivaka, si ce que tu as dit se réfère à cela, j'accepte ce que tu dis.»

«Vénérable Monsieur! Ce que j'ai dit se réfère exactement à cela.»

 

55. «Jivaka! Il y a cinq instances où un homme, qui abat un être vivant spécialement pour le Tathâgata ou son disciple, accumule beaucoup de démérite. Lorsqu'un chef de maison donne l'ordre, 'Allez chercher cet être vivant!' c'est là la première instance de son accumulation de beaucoup de démérite. Lorsque cet être vivant, mené par un licou, ressent de la douleur et de l'angoisse, c'est là la seconde instance de son accumulation de beaucoup de démérite. Lorsqu'il donne l'ordre, 'Va! Abat cet être vivant!' c'est là la troisième instance de son accumulation de beaucoup de démérite. Lorsque cet être vivant ressent de la douleur et de l'angoisse du fait d'être abattu, c'est là la quatrième instance de son accumulation de beaucoup de démérite. Lorsqu'il dégrade le Tathâgata ou son disciple en offrant sciemment de la viande qui est inadmissible [5], c'est là la cinquième instance de son accumulation de beaucoup de démérite. Jivaka! Celui qui abat un être vivant en le destinant au Tathâgata ou à son disciple accumule beaucoup de démérite de ces cinq manières.»

Lorsque ceci fut dit, Jivaka Komarabhacca dit «Merveilleux, Vénérable Monsieur! Extraordinaire, Vénérable Monsieur! Les bhikkhus ne se nourrissent que de nourriture autorisée. Vénérable Monsieur! Les bhikkhus ne se nourrissent que de nourriture sans blâme. Excellent, Vénérable Monsieur, (est le Dhamma)! Excellent, Vénérable Monsieur, (est le Dhamma)! ...p... Puisse le Béni du Ciel me prendre comme disciple laïc qui dès maintenant a pris refuge (dans les trois Joyaux) pour la vie.» [6]

 

Fin du Jivaka Sutta, le cinquième dans ce vagga.


1. Jivaka, fameux médecin et chirurgien, était le fils adoptif du Prince Abhaya. Komarabhacca est un surnom de Jivaka.[Retour]

2. Viande: ceci inclut évidemment le poisson et la volaille. [Retour]

3. Danger, adinava: c-à-d., se rendre compte du danger d'acquérir du démérite par l'attachement aux plaisirs des sens; adinava se traduit aussi par 'blâme' ou par 'faute', c-à-d., la faute qui repose sur la répugnance ou la misère inhérentes aux plaisirs des sens parce que l'attachement de quelqu'un pour eux conduit à l'acquisition de démérite. [Retour]

4. Si ce que tu as dit se réfère à cela: c-à-d., si c'est là ce que tu voulais dire. [Retour]

5. Viandes qui sont inadmissibles: les dix sortes de viande dont ne devraient pas manger les bhikkhus, dont, la chair de l'éléphant, du cheval, du tigre, de l'être humain, de la hyène, du chien, du serpent, de l'ours, du lion, du léopard. Un homme peut, par exemple, offrir à un bhikkhu de la de la viande d'ours en disant que c'est du porc, et ensuite accuser le bhikkhu de manger de la viande interdite. C'est insulter le Bouddha ou un de ses disciples. [Retour]

6. Jivaka était déjà un Sotapanna (Entré dans le courant) laïc avant d'entendre ce discours. Il réaffirme ainsi sa prise de refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha pour exprimer son appréciation du discours. [Retour]



Version anglaise d'origine:

http://www.accesstoinsight.org/canon/sutta/majjhima/mn036.html