© Nanabozho (Gichi Wabush)

 Contact | Index » Tipitaka » Sutta Pitaka » Khuddaka Nikaya » Sutta Nipata

 Sutta Nipata IV.4

Suddhatthaka Sutta

Pur

D'après la traduction du pali à l'anglais par Thanissaro Bhikkhu.
Pour libre distribution. Cet ouvrage peut être republié, reformaté, réimprimé et redistribué par n'importe quel média. L'auteur désire cependant que toute ces republications et redistributions soient mises à disposition du public librement et sans restriction aucune, et que les traductions et autres travaux dérivés soient clairement identifiés comme tels.


"Je vois le pur, le suprême,
    exempt de maladie.
je suis en rapport
avec ce qu'on voit
que la pureté d'une personne
        est."[1]

Comprenant ainsi,
ayant connu le "suprême,"
et demeurant focalisé
    sur la pureté,
on retombe sur cette connaissance.
Si c'est en rapport
avec ce qu'on voit
qu'est la pureté d'une personne,
ou si l'angoisse est abandonnée
en rapport avec la connaissance,
alros une personne qui a des acquisitions
    est purifiée
en rapport avec autre chose,[2]
    car cette conception le révèle
   de la façon dont elle l'affirme.

Aucun brahmane[3]
ne dit que la pureté
ne survient en rapport
avec quoi que ce soit d'autre.
Sans souillure, en ce qui a trait
à ce qui est vu, entendu, ressenti ,
        préceptes ou pratiques,
        mérite ou mal,
sans créer
quoi que ce soit ici,
il a laissé filer
    ce qu'il avait embrassé,
il a laissé tomber le moi.

Abandonnant ce qui vient en premier,
ils dépendent de ce qui suit.[4]
Suivant la distraction,
ils ne surmontent pas l'attachement.
Ils embrassent et rejettent
    -- comme un singe qui ne lâche une branche
        que pour en saisir une autre[5] --
une personne qui entreprend seule les pratiques,
passe par des hauts et des bas,
enclenchée à la perception.
Mais dès qu'elle connait clairement
par les vedas,[6] ayant rencontré
    le Dhamma,
qui dispose de profond discernement
    ne passe pas
    par des hauts et des bas.

Il est exempt d'ennemis[7]
par rapport à    toutes choses
vues, entendues, ou ressenties.
Par qui, avec quoi,[8]
devrait-il
se faire entuber
ici en ce monde?
    -- celui qui a vu de la sorte,
    et qui circule
                ouvert.[9]

Ils ne conjurent pas, ni ne languissent,
ne proclament pas la "pureté ultime."
Dénouant le noeud serré de la saisie,
ils ne forment pas le désir de
    quoi
    que
ce soit dans le monde.

Le brahmane
parti au-delà des territoires,[10]
n'a rien dont
-- en connaissant ou voyant --
il se saisisse.
Sans passion     pour la passion,
non passionné     par le dépassionnement,[11]
il n'a rien là
dont il se saisisse comme suprême.


Notes

1. Une ancienne croyance indienne, remontant aux Védas, était que la vue de certaines choses ou êtres pouvait purifier. Ainsi, "en rapport avec ce qu'on voit" signifie ici autant que la pureté est amenée au moyen de la vue de ce genre de choses, et que la pureté de quelqu'un se mesure à ce genre de visions. Cette croyance survit de nos jours dans la pratique de darshan. [Retour]

2. Autrement dit, si la pureté n'était affaire que de voir ou de connaître quelque chose, on pourrait être purs en ce sens et avoir toujours des acquisitions (= souillures), qui ne seraient pas la véritable pureté. [Retour]

3. "Brahmane" au sens bouddhiste, c-à-d., une personne née dans n'importe quelle caste qui est devenue un arahant. [Retour]

4. Nd.I: Quitter son maître pour aller en trouver un autre; quitter un enseignement pour aller en chercher un autre. Cette phrase pourrait également référer à la tendance de l'esprit à lâcher une envie pour une autre. [Retour]

5. "Comme un singe lâche une branche pour en saisir une autre" -- exemple intéressant de toute une phrase qui fonctionne comme une "lampe," c-à-d, modifiant autant la phrase avant lui qu'après lui. [Retour]

6. Védas -- Tout comme le mot "brahmane" est ci-dessus utilisé dans un sens bouddhiste, ici on donne au mot veda un sens bouddhiste. Selon le Commentaire, dans ce contexte, il signifie la connaissance qui accompagne quatre pistes transcendantes: le piste de l'entrée dans le courant, et celles du retour une fois, du non-retour, et de l'état d'arahant. [Retour]

7. Nd.I: Les ennemis sont ici les armées de Mara -- toutes mauvaises qualités mentales. Pour un inventaire détaillé des armées de Mara, voir Sn III.2. [Retour]

8. Par qui, avec quoi -- deux sens du même mot pâli, kena. [Retour]

9. Nd.I: "Ouvert" signifie avoir un esprit ni couvert ni caché par l'avidité, la souillure ou l'ignorance. On se sert de cette image dans Ud V.5. Ceci contraste avec l'image qu'on trouve à la note 1 au Sn IV.2. Un sens alternatif pourrait être ici celui d'avoir les yeux ouverts. [retour]

10. Nd.I: "Territoires" = les dix entraves (samyojana) et les sept tendances latentes (anusaya). [Retour]

11. Nd.I: "Passion" = sensualité; "dépassionnement" = les états de jhana qui amènent la perte de passion pour la sensualité. [Retour]


Voir aussi: MN 24

On trouvera le site original à l'adresse suivante:
http://www.accesstoinsight.org/canon/khuddaka/suttanipata/snp4-04.html